L’art de la distillation

Si tu es sur ce blog, c’est sans doute que la fabrication de la bière t’intéresse.

Mais aujourd’hui, laisse nous te proposer un petit détour et découvrir un art tout aussi fascinant : la distillation.

La distillation, c’est un peu comme la version alchimiste du brassage, avec une histoire riche et des techniques qui donnent naissance à des spiritueux. Pour pimenter le tout, nous partagerons aussi notre expérience d’un atelier de distillation chez un brasseur.

On espère que cet article t’ouvrira de nouvelles perspectives intéressantes !

 
 
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Le principe de la distillation

Chauffer pour séparer 🔥

Avant de parler pratique, commençons par un peu de théorie. Rassure-toi, nous allons tout t’expliquer !

La distillation repose sur une propriété physique clé : les différents composants d’un liquide n’ont pas tous le même point d’ébullition. C’est grâce à cette différence de température que l’on peut séparer les alcools de l’eau

En chauffant un liquide alcoolisé, on peut atteindre la température idéale pour que l’alcool s’évapore sans pour autant faire bouillir l’eau. Les vapeurs d’alcool sont ensuite refroidies pour se condenser et former un liquide avec une concentration en alcool bien plus élevée.

Sur le principe, c’est très simple ! Complexifions un tout petit peu la chose en ajoutant cette information: dans un mélange de liquides alcoolisés, il y a plusieurs types de composés volatils :

  • Le méthanol : Il est présent en petites quantités dans les produits fermentés et a un point d’ébullition de 64,7 °C. Il est toxique pour la santé.
  • L’éthanol :  Il a un point d’ébullition à 78,3 °C. C’est l’alcool que l’on recherche dans la distillation, car c’est lui qui confère des propriétés agréables et des arômes aux spiritueux (on t’en reparle plus tard)
  • Le propanol et autres alcools : Ces alcools ont des points d’ébullition supérieurs à celui de l’éthanol. En excès, ils apportent des saveurs désagréables et peuvent altérer la qualité du spiritueux.

Pendant la distillation, la température ne reste pas stable à 78°C… Elle augmente peu à peu au fil de la distillation puisque le distillat devient de moins en moins fort (moins d’alcool, plus d’eau)… La température des vapeurs peut ainsi monter jusque 90°C, voire plus, en fin de distillation.

Les différentes fractions de la distillation

La magie de la distillation réside dans le fait de savoir séparer les différentes fractions pendant le processus, pour ne garder que celle qui nous intéresse : le cœur. Cette opération demande un certain savoir-faire pour identifier à quel moment chaque fraction apparaît.

La tête

La tête sort en début de distillation. Elle a une odeur forte et piquante d’alcool à brûler. C’est elle qui contient le méthanol et d’autres composés volatils à basse température, comme l’acétone et l’acétaldéhyde, qui sont potentiellement toxiques. La tête est également responsable de ces notes agressives et chimiques indésirables.
Il faut donc absolument la jeter !

Le cœur

Le cœur suit, et c’est ce que l’on recherche : l’éthanol ! C’est dans cette fraction que se trouvent les composés aromatiques les plus agréables, issus de la matière première fermentée. Son odeur est douce et aromatique, avec des notes qui varient selon ce que l’on distille (céréales, fruits, etc.). C’est la partie que l’on conserve pour produire le spiritueux.

La queue

La queue arrive en fin de distillation. On la reconnaît à son goût gras et écœurant, et à son odeur lourde. Elle contient des éléments plus lourds, comme le propanol, le butanol, et d’autres alcools supérieurs. En plus des alcools, on y retrouve des « molécules organiques » comme les phénols, les esters et les acides gras. Ces composants peuvent apporter des saveurs désagréables (notes huileuses, médicinales, amères) s’ils sont présents en trop grande quantité. La queue est généralement écartée, bien que certains distillateurs puissent en garder une petite partie pour ajouter de la complexité à certains spiritueux, à condition de le faire avec précaution.

Le distillat 💧

Le produit qui sort de l’alambic à la fin de la distillation s’appelle le distillat. Il est transparent et contient l’éthanol, ainsi que les arômes que ce dernier a capturés au cours du processus. À l’état brut, le distillat est souvent à une concentration élevée en alcool, pouvant atteindre 60 à 80 %.

L’éthanol en lui-même n’a pas de goût (si tu sens de l’alcool éthylique 96% de laboratoire, et bien, tu ne sentiras rien justement !). Ce qui rend l’éthanol si intéressant, c’est sa capacité à capturer et à conserver les arômes provenant des matières premières utilisées (céréales, fruits, etc.) ou des ajouts (plantes, épices, bois de fût).

En concentrant l’éthanol lors de la distillation, on concentre également les goûts et les arômes, ce qui confère aux spiritueux leur richesse aromatique et leur complexité.

Le distillat est ensuite souvent affiné : il peut être vieilli en fût pour développer encore plus d’arômes, ou être dilué pour atteindre le degré d’alcool souhaité. C’est tout l’art du distillateur : transformer le distillat brut en un produit final équilibré, savoureux et agréable à déguster, tout en éliminant les composés indésirables ou dangereux pour la santé.

Distillat de Cognac

Le liquide résiduaire, qui ne s’est pas évaporé et qui est donc rester dans la chaudière, est appelé la vinasse.

Les alambics

Origine de l'alambic

Le mot « alambic » est dérivé de l’article arabe « al » et du mot grec « ambikos », qui signifie vase ou bol. L’alambic aurait été inventé il y a plus de 3 500 ans, avec des traces retrouvées chez les Égyptiens et en Mésopotamie.

À l’origine, l’alambic était utilisé pour fabriquer des parfums, des essences et des médicaments. Ce n’est que bien plus tard qu’il fut employé pour produire des eaux-de-vie à partir de jus de fruits fermentés.

L'alambic Pot Still ou alambic à repasse

L’alambic pot still, aussi appelé « alambic à repasse », est le plus traditionnel des alambics et probablement celui que l’on imagine en premier. Il est constitué d’une grande cuve en cuivre, d’un col de cygne et d’un condenseur. La distillation dans cet alambic se fait par chauffage direct et en deux étapes (on parle de double distillation).

  1. La première distillation, ou « chauffe« , produit un liquide appelé « brouillis » ou « petite eau » à environ 15-30 % d’alcool.
  2. Ce brouillis est ensuite redistillé lors de la seconde étape, appelée « bonne chauffe« , pour concentrer l’alcool et obtenir une « eau-de-vie fine » à environ 60-70 % d’alcool.

La double distillation permet un contrôle fin des arômes et une élimination des composés indésirables, donnant un spiritueux plus pur et élégant.

Le processus est long et nécessite une certaine expertise pour savoir quand séparer les différentes fractions (têtes, cœur, queues).

Cette double distillation est utilisée pour des spiritueux haut de gamme comme le cognac, le whisky de malt et certains types de rhum agricole.

Un exemple typique d’alambic pot still est l’alambic charentais.

L’alambic charentais est conçu et utilisé traditionnellement pour la production de cognac. Originaire de la région de Charente en France, il se distingue par la présence du réchauffe-vin, un élément unique situé entre le chapiteau et le condenseur.

Voici comment cela fonctionne :

  1. La cuve principale (ou chaudière) est l’endroit où le vin (ou un autre liquide fermenté) est chauffé. Ce vin y est porté à une température qui permet à l’alcool (principalement l’éthanol) de s’évaporer. Ces vapeurs d’alcool montent dans le chapiteau.
  2. Le chapiteau, en forme d’oignon, ne contient donc pas de liquide, mais il sert à diriger les vapeurs produites par le chauffage de la cuve. Il aide à contrôler la condensation des vapeurs en refroidissant légèrement certaines d’entre elles, ce qui permet de mieux séparer les fractions de la distillation. Sa forme influence aussi la façon dont les vapeurs se déplacent et se condensent, affectant ainsi le caractère final du distillat.
  3. Le réchauffe-vin, situé entre le chapiteau et le condenseur, contient le vin qui va être distillé lors de la prochaine étape. Ce vin est préchauffé grâce à la chaleur des vapeurs provenant de la première distillation. Cela permet d’optimiser l’efficacité thermique du processus avant que ce vin soit lui-même transféré dans la cuve pour être distillé à son tour.

L'alambic à colonne

L’alambic à colonne est une machine complexe mais très efficace pour produire des spiritueux à haute teneur en alcool. Contrairement aux alambics pot still, qui distillent par lots, l’alambic à colonne permet une distillation en continu, ce qui en fait un choix populaire pour les productions à grande échelle, comme la vodka, le gin ou certains rhums industriels.
L’un des exemples les plus connus est l’alambic armagnacais.

Il est généralement composé d’une chaudière (7) et d’un foyer (9), d’une colonne de distillation (5), d’un col de cygne (10) et d’une colonne réfrigérante (2) avec serpentin (3).

Dans la colonne de distillation, on trouve des plateaux de distillation (6) pour effectuer des séparations successives des composants volatils. Chaque plateau agit en fait comme une mini-distillation en améliorant la pureté du produit à chaque étape.

Pour mieux comprendre, imaginons un mélange à distiller composé de deux composants : l’eau et l’éthanol. Lorsque la vapeur d’un plateau inférieur arrive sur un plateau supérieur, elle se condense en traversant le liquide présent. Cette condensation dégage de la chaleur, qui provoque la vaporisation du liquide enrichi en éthanol, produisant une vapeur plus pure en alcool. Pendant ce temps, l’excès de liquide, qui contient plus d’eau, redescend vers les plateaux inférieurs.

Le nombre de plateaux dans une colonne est essentiel pour déterminer la pureté du produit final. Plus une colonne possède de plateaux, plus le produit distillé sera pur. Chaque plateau représente un point où la vapeur est enrichie en éthanol, ce qui contribue à la concentration progressive du spiritueux.

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Quel liquide alcoolisé peut-on distiller ?

Il existe une grande variété de liquides que l’on peut distiller, chacun donnant naissance à un spiritueux spécifique. Tout dépend du liquide de départ, souvent issu d’un processus de fermentation. Voici quelques exemples.

On distille la bière 🍺

Variétés de bières distillées

Tous les types de bières peuvent être distillés, qu’il s’agisse de bières blondes, brunes ou IPA. Les arômes du malt et du houblon peuvent être amplifiés lors de la distillation, créant un distillat unique et aromatique. La richesse des ingrédients utilisés dans la bière influe sur le profil aromatique du distillat final.

Méthode de distillation

Après fermentation, la bière est distillée dans un alambic, souvent à repasse pour préserver les arômes complexes. La double distillation permet d’obtenir une eau-de-vie plus pure tout en conservant les caractéristiques propres à la bière initiale.

Utilisation du distillat de bière

Certaines distilleries explorent des combinaisons innovantes après la distillation. Par exemple, la Distillerie Divine, située près de Nantes, a collaboré avec la brasserie vendéenne « Les brasseurs de la vie » pour créer un distillat de bière unique, suivi d’une infusion au thé noir ou à la feuille de tagète. Cette approche donne naissance à des eaux-de-vie aux arômes complexes, alliant les saveurs maltées de la bière aux notes florales et épicées de ces infusions. C’est une belle illustration de la créativité dans le monde de la distillation de bière.

N’hésitez surtout pas à pousser la porte de cette distillerie tenue par. L’occasion de découvrir ces différents alambics, de discuter avec Marina Noury, une distillatrice passionnée et de déguster ces créations uniques !

On distille le vin / le marc de raison 🍇

👉Le cognac / l'armagnac

La distillation du vin donne naissance à des spiritueux célèbres comme le cognac et l’armagnac. Ces deux eaux-de-vie sont issues de la distillation de vins blancs spécifiques, souvent produits à partir de cépages comme l’Ugni Blanc, la Folle Blanche, et le Colombard. Chauffés dans des alambics charentais pour le cognac ou des alambics armagnacais pour l’armagnac, ces vins sont distillés pour concentrer les arômes et produire des spiritueux raffinés et vieillis en fût.

👉Le pisco

Au Pérou et au Chili, on produit le pisco, un spiritueux obtenu par la distillation de vin blanc, souvent issu de cépages aromatiques comme le Muscat. Contrairement au cognac ou à l’armagnac, le pisco n’est pas vieilli en fût, ce qui lui permet de conserver des arômes frais et fruités.

👉 Le brandy

Le brandy est un terme générique désignant une eau-de-vie de vin produite dans diverses régions du monde. On trouve des brandies dans de nombreux pays, notamment en Espagne, où l’on produit le Brandy de Jerez à partir de vins blancs vieillis en fûts de chêne, dans la région d’Andalousie. Aux États-Unis, la Californie produit également du brandy à partir de cépages locaux.

👉 La fine

En France, en dehors du cognac et de l’armagnac, d’autres régions produisent des eaux-de-vie de vin appelées « Fine ». Par exemple, la Fine de Bourgogne ou la Fine de Bordeaux sont des spiritueux obtenus par distillation de vin de ces régions, souvent vieillis en fût pour développer des arômes plus complexes.

👉 La grappa

En Italie, la grappa est une eau-de-vie distillée à partir du marc de raisin, qui est le sous-produit de la vinification (peaux, pépins, et tiges de raisin après pressage). Bien que différente du cognac et de l’armagnac, la grappa utilise également les résidus de vinification pour produire un spiritueux aromatique et puissant, souvent dégusté en digestif.

👉 Le marc de Bourgogne / le marc de Champagne

En France, les marcs (comme le Marc de Bourgogne ou le Marc de Champagne) sont également distillés à partir du marc de raisin. Comme la grappa, ils sont produits à partir des résidus de la vinification, mais leur vieillissement en fût leur confère des arômes plus riches et boisés.

On distille le moût de céréales fermenté 🌾

Le moût de céréales fermenté est la base de la production de nombreux spiritueux, comme le whisky ou le bourbon. Contrairement à la bière, le moût de céréales ne contient pas de houblon et n’est pas conditionné pour être consommé tel quel. Ce moût est généralement produit à partir de céréales comme l’orge, le seigle, le maïs, ou le blé, qui sont broyées, mélangées à de l’eau, puis fermentées.

👉 Le whisky

Le moût de céréales, principalement à base d’orge maltée, est distillé pour produire du whisky. Il est ensuite vieilli en fût de chêne, ce qui lui confère des arômes boisés, de vanille et d’épices. Selon la céréale utilisée et les méthodes de distillation, on obtient des whiskies au caractère très différent, comme le single malt whisky (uniquement à base d’orge maltée) ou le whisky de seigle.

👉 Le bourbon

Produit principalement aux États-Unis, le bourbon est une variété de whisky à base d’un moût contenant au moins 51 % de maïs. Après distillation, il est vieilli en fût de chêne neuf carbonisé, ce qui lui confère ses notes sucrées et vanillées.

👉 La vodka (à base de céréales)

Bien que la vodka puisse être fabriquée à partir de pommes de terre ou d’autres matières premières, elle est également produite à partir de moût de céréales fermenté (souvent à base de blé ou de seigle). La distillation est plus poussée pour obtenir un alcool neutre, avec peu de saveurs issues des céréales.

On distille le cidre 🍏 / le poiré 🍐

👉 Le calvados

Le cidre, qui est un produit fermenté à base de pommes (ou de poires dans le cas du poiré), peut également être distillé pour obtenir des eaux-de-vie de pommes, comme le calvados en Normandie ou d’autres spiritueux similaires dans d’autres régions du monde. Contrairement aux spiritueux obtenus à partir de céréales ou de vin, le cidre distillé donne des eaux-de-vie plus fruitées, avec des notes fraîches et acidulées qui reflètent l’origine du produit.

On distille le jus de canne à sucre / la mélasse

Le jus de canne à sucre fermenté ou la mélasse (un sous-produit de la fabrication du sucre) est distillé pour produire du rhum.

👉 Le rhum agricole

Le rhum agricole est fabriqué à partir de jus de canne à sucre frais. Une fois que la canne est récoltée, elle est immédiatement pressée pour en extraire le jus (aussi appelé « vesou »), qui est ensuite fermenté et distillé. Ce procédé est spécifique à certaines régions, principalement dans les Antilles françaises (Martinique, Guadeloupe) et dans d’autres territoires francophones comme la Réunion.
Le jus de canne est rapidement fermenté, généralement pendant 24 à 48 heures, puis distillé, souvent dans des alambics à colonne (colonne créole). Ce type de rhum est donc entièrement dérivé du jus de canne à sucre, sans passer par la production de sucre.

Le jus de canne est rapidement fermenté, généralement pendant 24 à 48 heures, puis distillé, souvent dans des alambics à colonne (colonne créole). Ce type de rhum est donc entièrement dérivé du jus de canne à sucre, sans passer par la production de sucre.

Le rhum agricole conserve des arômes plus végétaux, frais et complexes. On y retrouve souvent des notes de canne fraîche, d’herbes, et parfois même de terre ou de fruits. Les rhums agricoles sont souvent considérés comme plus fins et plus délicats en bouche, car ils conservent davantage les arômes naturels de la canne à sucre.

👉 Le rhum traditionnel (ou rhum industriel)

Le rhum traditionnel est fabriqué à partir de mélasse, un sous-produit de la production de sucre. Après avoir extrait le sucre du jus de canne, il reste un sirop épais et sombre, la mélasse, qui est ensuite fermentée pour produire du rhum.

Le rhum traditionnel a un goût plus sucré et plus caramélisé, avec des notes de vanille, de fruits mûrs et parfois de mélasse elle-même. Il a un caractère généralement plus rond et riche, mais il peut manquer de la complexité végétale du rhum agricole.

Il est produit partout où l’on trouve de la canne à sucre, notamment en Amérique latine (Cuba, République dominicaine, Venezuela), dans les Caraïbes anglophones (Jamaïque, Barbade), et ailleurs.

On distille le jus d'agave fermenté

Le jus d’agave fermenté, appelé pulque, est distillé pour produire les célèbres spiritueux mexicains : le mezcal et la tequila (qui est un type de mezcal, mais produit exclusivement à partir de l’agave bleu).

Le pulque, jus d'agave fermenté

👉 La téquila

La tequila est un spiritueux produit à partir de l’agave bleu (Agave tequilana). Après fermentation du jus d’agave, la distillation produit un spiritueux souvent plus doux et plus fruité que le mezcal, avec des arômes d’agrumes et de fleurs.

👉 Le mezcal

Le mezcal est produit dans plusieurs régions du Mexique à partir de diverses variétés d’agave. Après fermentation, le liquide est distillé dans des alambics en cuivre, et le résultat est un spiritueux aux arômes fumés et végétaux.
Le goût fumé caractéristique du mezcal vient du mode de cuisson traditionnel de l’agave. Contrairement à la tequila (où l’agave est généralement cuit dans des fours à vapeur ou autoclaves, sans fumée), le mezcal est fabriqué en cuisant les piñas d’agave dans des fours souterrains, également appelés « palenques ».

On distille les fruits fermentés 🍒

Divers fruits (poires, cerises, framboises, etc.) peuvent être fermentés puis distillés pour produire des eaux-de-vie fruitées, comme la poire Williams, le kirsch (eau-de-vie de cerises) ou le slivovitz (eau-de-vie de prunes).

On distille avec des herbes et des plantes 🌿

Outre la distillation de fruits, de céréales ou de vin, certains spiritueux célèbres sont fabriqués en distillant de l’alcool neutre (issu de céréales, de betteraves, etc.) avec des plantes aromatiques. Ce processus permet de capturer les arômes des herbes et des épices pour créer des spiritueux riches en saveurs botaniques.

👉 Le gin

Le gin est un spiritueux emblématique distillé avec des plantes, et son ingrédient clé est la baie de genévrier. Cependant, de nombreuses autres plantes peuvent être ajoutées à la recette, telles que la coriandre, les zestes d’agrumes, la racine d’angélique, ou encore la réglisse, permettant ainsi une grande diversité de profils aromatiques.

👉 L'absinthe

Ce spiritueux traditionnel est distillé à partir de plantes telles que la grande absinthe (Artemisia absinthium), l’anis vert, et le fenouil. Ces plantes lui confèrent ses saveurs distinctives, souvent associées à des notes herbacées et anisées.

Et bien, la transition est parfaite car c’est justement ce type de distillation à partir d’aromatiques et d’un alcool neutre que nous avons eu l’occasion de découvrir lors de notre atelier de distillation.

 

Notre expérience "atelier de distillation"

Chez les brasseurs de la vie

Oui, ce nom te dit sans doute quelque chose, et pour cause ! Nous leur avions déjà consacré un article en 2021. Cette brasserie, dirigée par Caroline et Antoine, est située en Vendée, plus précisément à Saint-Gilles-Croix-de-Vie. À l’époque, ils proposaient déjà des ateliers de brassage, mais la grande nouveauté en 2024, c’est que l’on peut désormais y distiller sa propre eau-de-vie sur des petits alambics en cuivre ! Évidemment, nous n’avons pas résisté à la curiosité de découvrir cette nouvelle expérience. 😉

Choix des ingrédients

Mais avant tout, nous choisissons nous-même nos aromatiques parmi un vaste choix !

  • Les herbacés : Baie de genièvre, Sauge, Basilic, Géranium, Shiso, Tagète, Hibiscus, fleur de sureau, Rose de Damas

  • Les épices : Cannelle, Coriandre, Cacao, Cardamome, Café, Clou de girofle, Curcuma, Gingembre, Poivre de Timut, Piment d’Espelette, Piment oiseau ….

  • Les fruits : Abricot, Citron, Canneberge, Myrtille, Orange, Pamplemousse …

Voici notre sélection d’ingrédients et leur quantité pour notre recette :

  • Baies de genièvres : 3 g
  • Poivre de Timut : 4 g
  • Pamplemousse séché : 2 tranches
  • Ecorce d’orange : 5 g
  • Thym branches : 3 g
  • Coriandre : 8 g
  • Geranium : 3 g

Nous avons à notre disposition un petit alambic en cuivre de 2 litres.
(N’est-il pas trop mignon ☺️ ?)

Nous plaçons nos ingrédients soigneusement pesés dans la petite cuve et c’est parti pour la chauffe ! Nous montons la température jusqu’à 80°C puis nous commençons le refroidissement. Les premiers millilitres sont jetés (c’est notre tête). Puis la distillation se poursuit et nous recueillons au final 600 ml de distillat. Il ne reste plus qu’à diluer notre distillat pour obtenir une eau-de-vie à 42° et nous transférons le tout dans les jolies bouteilles.

A la fin de l’atelier, nous repartons directement avec 2 bouteilles de 0.50 cl à 42°vol.
Une petite garde de 2-3 semaines sera tout de même préférable avant la première dégustation pour mieux en savourer toutes les saveurs 😉.

Nous avons passé un moment passionnant à découvrir les secrets de la distillation, et nous tenons à remercier chaleureusement Caroline pour son accueil chaleureux et ses explications claires tout au long de l’atelier.
Grâce à elle, nous avons pu vivre une expérience enrichissante et repartir avec de nouvelles connaissances – et comme tu le vois, avec un sujet d’article qu’on avait hâte de te partager  !

🤔 A-t-on le droit de distiller chez soi ?

En France, même si tu peux acheter un alambic, distiller chez toi sans autorisation est strictement interdit. Voici ce que dit la loi :

Achat d'un alambic

L’achat d’un alambic est autorisé, que ce soit pour la distillation d’huiles essentielles, pour des usages décoratifs, ou pour la production d’eau de vie (dans les limites légales). Cependant, si tu achètes un alambic d’une capacité de plus de 1 litre, tu dois déclarer cet achat auprès des douanes françaises.

En revanche, il est interdit de distiller de l’alcool sans autorisation spéciale. Seuls les distillateurs professionnels ou les bouilleurs de cru ayant un droit spécifique peuvent le faire dans un cadre légal. Si tu distilles de l’alcool chez toi sans les autorisations nécessaires, tu risques des sanctions pénales et fiscales.

Exception des bouilleurs de cru

Les bouilleurs de cru sont les particuliers qui distillent leurs propres récoltes de fruits, mais même eux doivent faire appel à un distillateur agréé ou utiliser un alambic appartenant à un professionnel. Ils peuvent bénéficier de certaines exemptions fiscales pour les premiers litres d’alcool produits, mais cela reste encadré et réglementé.

Si tu souhaites distiller, tu peux participer à des ateliers de distillation organisés par des distillateurs professionnels, comme celui auquel nous avons participé. Ces ateliers sont légaux car ils sont encadrés par des professionnels ayant l’autorisation de distiller.

Partage-nous tes expériences !

Laisse un commentaire ci-dessous si tu as aimé (ou pas!) cet article 😉

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4 Comments on “L’art de la distillation

  1. Je suis impressionné par la qualité de vos articles très bien documentés, faut que je rapelle Caroline pour aller faire un atelier distillation chez elle.
    Par contre il y a pas moyens de transformer les articles en pdf pour les imprimer et les lire sans Pc ?

    Bravo pour la qualité et l’information que vous nous apportez

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